19/06/2016
Les enseignant-e-s documentalistes face à l'enjeu de l'éducation aux médias et à l'information
Dans le cadre des réunions 3D de l'Académie de Créteil, les enseignant-e-s documentalistes ont été invité-e-s à s'intéresser cette année au thème "Place et rôle du professeur documentaliste dans les parcours et les dispositifs pluridisciplinaires : de la stratégie locale à la démarche générale, analyse des besoins, continuité des apprentissages".
Les professeurs documentalistes du district de Drancy (Seine-Saint-Denis) sont parti-e-s de cette proposition de travail pour se centrer sur la place et le rôle de l'enseignant-e documentaliste dans l'éducation aux médias et à l'information (EMI). Mais dans quasiment tous les travaux présentés, on remarquera que les documentalistes interviennent en partenariat avec un-e autre enseignant-e et dans une perspective interdisciplinaire. C'est tout particulièrement le cas pour la séquence pédagogique proposée par le lycée professionnel Jean Moulin du Blanc-Mesnil qui mobilise, en plus de l'éducation aux médias, l'anglais et l'enseignement professionnel "service et commercialisation". Au lycée Mozart, les documentalistes ont travaillé sur la maîtrise de l'information avec les élèves de 1ère STMG dans le cadre de l'étude de gestion, en partenariat avec les enseignants de la discipline.
Il s'agissait pour nous de s'approprier une éducation aux médias et à l'information qui figure en bonne place dans la loi de refondation de l'école de 2013. Il est en outre tout à fait évident que l'éducation aux médias et à l'information constitue un enjeu de société majeur à l'époque de la surabondance des données et de la remise en cause des savoirs partagés par l' "empire des croyances" pour reprendre une expression du sociologue Gérald Bronner, le succès des théories du complot comme modèle explicatif étant à cet égard symptomatique. Que signifie savoir s'informer dans ce contexte ? La massification de l'information n'est pas en effet une condition suffisante à l'avènement d'une démocratie de la connaissance : encore faut-il développer les apprentissages informationnels. Cela a enfin été l'occasion pour nous de lancer une réflexion collective sur notre positionnement par rapport à un enseignement qui relève directement de notre compétence, même si cela ne semble pas si évident qu'il n'y paraît. Mais nous y reviendrons plus loin.
Nous avions l'intention d'opter pour une production sous forme de tableau qui aurait repris l'action des un-e-s et des autres en matière d'EMI, en indiquant notre rôle et la ou les compétences à chaque fois visée(s). Cela nous a semblé finalement peu pertinent car trop complexe. Il n'est en effet pas facile de synthétiser sous forme de tableau des séances menées dans plusieurs établissements (collèges, lycée général et lycée professionnel) et concernant des niveaux différents. Le lycée Mozart du Blanc-Mesnil a toutefois fait le choix de présenter l'action des documentalistes en matière d'EMI sous forme de tableau dans la perspective de la réécriture du projet d'établissement (voir l'article Education aux Médias et à l'Information au lycée Mozart : présentation et bilan). Les séances pédagogiques recouvrent souvent un travail sur la presse en tant que telle : lecture et prélèvement de l'information, feuilletage de la presse, comparaison de points de vue, décryptage de caricatures, liberté de la presse, etc. Une séance a abouti à la création de "unes" (voir la participation du collège Cachin au concours de "UNE" du Clémi).
Peut-on dire pour autant que l'EMI va définitivement imposer le rôle pédagogique des documentalistes ?
Une éducation aux médias et à l'information ne peut que nous séduire tant cela semble effectivement aller dans le sens d'un renforcement de notre fonction d'enseignant-e. Mais on ne peut pas s'empêcher d'y voir malgré tout une occasion manquée. En réalité, les textes institutionnels ne disent à aucun moment que les professeurs documentalistes sont chargé-e-s en particulier de cet enseignement dont l'intégration dans le parcours scolaire des élèves reste pour l'instant incertaine. Il reste encore à préciser notre rôle pédagogique pour passer véritablement d'une stratégie locale à une démarche générale de formation à la maîtrise de l'information, en repérant les blocages institutionnels au besoin. Il semble en tout cas aujourd'hui indispensable de s'interroger sur l'articulation entre les contenus d'enseignement propres aux différentes disciplines et les savoirs inter ou transdisciplinaires, les compétences info-documentaires en particulier.
23:51 Publié dans 2015/2016, Editorial 2016 | Tags : emi | Lien permanent | Commentaires (0)
10/05/2016
Education aux Médias et à l'Information au lycée Mozart : présentation et bilan
1. Présentation
Dans le cadre des réunions 3D du district de Drancy de l'académie de Créteil, nous avons choisi de travailler sur le thème : la place et le rôle des enseignant-e-s documentalistes dans l'Education aux Médias et à l'Information dans une perspective inter ou même transdisciplinaire, dans le but de nous approprier cet enseignement mis en avant depuis quelque temps par l'institution pour répondre à des enjeux de société cruciaux, la maîtrise de l'information et la connaissance des médias en particulier.
Les professeurs documentalistes du lycée Mozart (93150 Le Blanc-Mesnil) ont décidé de présenter un tableau synthétique reprenant leur action dans ce domaine (voir la pièce jointe). Il s'agit moins de proposer un référentiel info-documentaire autour de l'éducation aux médias et à l'information que d'établir un état des lieux en vue de mettre en avant notre rôle dans la formation intellectuelle des élèves et de faire le point sur les problèmes auxquels nous sommes confrontés. Nous nous sommes en particulier interrogés sur notre rôle et sur notre bonne intégration dans les différents dispositifs pédagogiques (voir le commentaire analytique en conclusion). Pour ce faire, nous nous sommes largement inspirés de la matrice proposée par le TraAmDoc de Toulouse (1).
2. Bilan
Les documentalistes interviennent largement dans l'Éducation aux Médias et à l'Information dans des contextes pédagogiques variés : revue de presse (accompagnement personnalisé), orientation (idem), éducation morale et civique, étude de gestion (1re STMG, enseignements d'exploration (essentiellement PFEG cette année), TPE, module sciences po, etc. Nos interventions se font le plus souvent dans le cadre de partenariats à notre initiative, mais pas tout le temps puisque des enseignants nous sollicitent également.
Plusieurs constats peuvent être établis à partir de cet état des lieux.
Notre action en accompagnement personnalisé, dans l'étude de gestion ou en éducation morale et civique est positive malgré un manque de réflexion et de concertation en amont, sans doute faute de temps. La coopération se fait pour ainsi dire dans l'improvisation ou à titre expérimental.
Ces tâtonnements sont dus à l'absence de projet d'établissement qui nous permettrait d'élaborer une politique documentaire, et même de mettre en route une progression des apprentissages documentaires de la 2nde à la terminale.
Plusieurs problèmes apparaissent toutefois. Il est absolument nécessaire de préciser le rôle et la fonction des professeurs documentalistes dans les Travaux Personnels Encadrés (TPE). Nous avons été cette année contraints d'intervenir dans le dispositif en dehors de tout cadre défini à l'avance, la coopération entre les documentalistes et les enseignants n'ayant fait l'objet d'aucune réflexion. De fait, il faudrait mieux définir les phases où les documentalistes sont indispensables, en fixant des séances au besoin. Celles-ci pourraient concerner la définition et la délimitation du sujet, la recherche et la sélection de l'information pertinente et fiable, la connaissance et l'utilisation des outils de la recherche documentaire, l'élaboration de la bibliographie. On pourrait se baser sur le document Les étapes d'un TPE, paru dans INTERCDI n° 259 (janvier-février 2016).
Nous rencontrons le même problème avec le module Sciences Po, alors même que les documentalistes ont des compétences avérées en matière de synthèse et de hiérarchie de l'information, pour ne rien dire de l'histoire, du fonctionnement et du rôle social des médias d'information. C'est d'autant plus regrettable que nous avons décidé d'abonner l'établissement à la solution documentaire Europresse.com.
Enfin, nous touchons peu les élèves de terminales qui utilisent le CDI comme une étude, préparation au bac oblige. La suppression des TPE en terminale générale a indéniablement remis en cause les possibilités de progression dans les apprentissages documentaires tout au long du lycée général. On pourrait essayer d'investir l'accompagnement personnalisé dans la perspective d'une liaison entre le secondaire et le supérieur et du travail en autonomie, mais cela semble difficile dans la mesure où les enseignants utilisent le dispositif pour boucler un programme chargé. Là encore, le débat pourrait être mené dan le cadre de l'élaboration d'un projet d'établissement.
1. Voir Matrice EMI, Mise en place d'un parcours à l'Education aux Média et à l'Information basé sur les 6 objectifs de la matrice, disponible sur http://docs.ac-toulouse.fr/wp/?page_id=912
15:45 Publié dans 2015/2016, EMI, lycée | Tags : emi, bilan, lycée général | Lien permanent | Commentaires (0)